Cine Live (France) October 2004

Milla Jovovich: L’Ange de l’Apocalypse

Elle nous revient plus en forme que jamais pour dézinguer les zombies dernier modèle dans le second opus de Resident Evil: Apocalypse. Et accessoirement pour confirmer, à 29 ans, sa position d’actrice de film d’action à qui personne ne résiste. Le pouvoir aux femmes!

Par Véronique Trouillet


Ciné Live: Que vous ayez aimé retrouver votre personnage d’Alice pour Resident Evil: Apocalypse, certes, mais à quel point?
Milla Jovovich: D’abord, j’adore le jeu vidéo. C’est le jeu le plus cool qui soit... même si je ne joue jamais! J’espère que les fans ne m’en voudront pas. En fait, je préfère regarder mon petit frère jouer et lui dire quoi faire: ”Essaye cette porte, va là, prend ça.” Je lui avais dit que je pourrais très bien interpréter cette fille, Jill Valentine. Je voulais même produire le premier film, mais j’ai appris qu’un script était déjà en cours d’écriture avec un personnage nommé Alice. Alice! Pas Jill! C’est pourtant mon personnage préféré dans le jeu!

Vous n’êtes pas trop jalouse que ce soit Sienna Guillory qui incarne désormais Jill Valentine?
Non, parce qu’elle était étonnante et géniale dans ce rôle. Et moi, je suis toujours Dieu pour mon petit frère, alors je n’ai pas à me plaindre. Et j’adore Alice. Elle est forte mais elle sait rester féminine. Un coup elle est gentille et vulnérable, un coup elle est méchante et froide. J’aime jouer ces personnages à plusieurs facettes. Et puis retrouver un personnage une seconde fois, c’est toujours intéressant pour un acteur. Ça permet d’être plus à l’aise, d’aller plus loin, de prendre plus de risques.

Ripley dans Alien, Sarah Connor dans Terminator, Lara Croft dans Tomb Raider ou Alice dans Resident Evil. Vous pensez que les femmes vont garder le dessus et continuer à avoir autant de succès que les hommes dans les films d’action?
Et même plus! (Rires). Chaque année les femmes deviennent de plus en plus fortes, elles sont de plus en plus représentées dans les films, les médias, la politique... Les films d’action avec des héros ont été si souvent faits et refaits qu’on a l’impression d’avoir déjà tout vu. Le film d’action avec une héroïne reste encore un territoire à explorer.

Mais ça reste pourtant interchangeable. Qu’il s’agisse d’un héros ou d’une héroïne, il y a toujours des méchants, de l’aventure, de l’action...
Sauf que c’est toujours plus excitant de voir des femmes botter quelques culs sur l’écran. (Rires). De les voir maîtriser la situation. Elles sont superbes, fortes, sexy, intelligentes. Toutes les femmes peuvent relever ce défi.

Vous avez toujours avoué ne pas avoir confiance en vous. C’est encore le cas aujourd’hui en dépit de vos rôles de femme d’action et de vos succès professionnels?
Ce n’est vraiment quand je me bouge et que je fais ce que j’aime que j’ai confiance en moi.Mais après, quand je fais une pause, je redeviens fainéante et alors, adieu confiance. Et je me dis: “Oh mon Dieu, je n’ai rien à faire, aucun projet en vue, je suis vraiment trop nulle!” L’année dernière était une mauvaise année jusqu’à ce que je commence l’entraînement pour Resident Evil: Apocalypse. Trois heures par jour avec des séances de tir. Ça m’a réveillée et ça a chassé les mauvaises voix.

C’est pour ça que vous aimez autant les films d’action, pour rester éveillée?
C’est surtout parce que je m’y amuse. J’ai déjà joué quelques rôles sérieux et ce n’est pas que je ne les aime pas, mais j’aime aussi pouvoir passer un bon moment sur un plateau, courir, me sentir sexy, tirer dans le tas... Je n’ai pas à être toujours tendue parce que je dois rester concentrée sur mon personnage. Interpréter un rôle demande beaucoup d’efforts en termes de personnalité et d’émotions, et ce pendant au moins quatre mois. Neuf pour Jeanne d’Arc! J’étais totalement épuissée après ce film, à cause de l’action mais aussi des émotions. Chaque jour ressemlait à l’enfer. Les journées étaient longues et je devais garder l’intensité de mon personnage pendant des heures. C’était dur ensuite de rentrer chez moi et de m’endormir. Je passais la nuit à penser à mon rôle. Alors même si les films d’action sont durs physiquement, émotionnellement, c’est beaucoup plus reposant.

Vous faîtes toujours vous-même la majorité de vos cascades?
Pas cette fois. Ce film est trop dingue et les cascades trop dangereuses. Il y en a une où Alice descend en courant le long de la façade d’un bâtiment de soixante-quinze mètres de haut. Je crois que j’aurais tenté le coup si on me l’avait demandé, mais les assurances n’ont pas voulu. J’adore faire des choses totalement folles... mais sans danger. Je ne veux pas complétement me tuer. Les films d’action sont parfaits pour ça, on va aussi loin que le point de non retour, sauf qu’on en revient toujours. (Rires).